Une campagne d’essai sur une flotte de TGV pour assurer la qualité microbiologique de l’eau
La qualité microbiologique pourquoi faire ?
L’ensemble de la flotte TGV est équipé de sanitaires disposant de lave-main distribuant de l’eau. Cette eau sert notamment aux lavages des mains des passagers. En exploitation commerciale, La maîtrise de la qualité microbiologique de l’eau distribuée par ces lave-mains est un impératif vis à vis de nos clients. En vue de répondre à cette exigence, un système HACCP a été déployé pour établir un premier schéma opérationnel de maîtrise de la qualité de l’eau embarquée depuis les opérations de remplissage réalisées sur les établissements de maintenance jusqu’à la mise en œuvre de contrôles sanitaires embarqués réguliers.
En vue de prévenir les risques de contamination accidentelle, des solutions de traitement embarqué (ultrafiltration et UV) ont fait l’objet de tests en laboratoire. Suite à ces premières expérimentations, l’ultrafiltration a été retenue pour la mise en œuvre d’un essai en exploitation commerciale.
Comment procéder ?
Un projet de recherche a été lancé par le CIM (financé par Voyages) pour suivre en service commercial des solutions de sécurisation de distribution de l’eau embarquée. L’ingénierie sanitaire de Périgueux a réalisé les modifications sur le matériel et l’AEF a assuré le suivi des prélèvements et analyses. Les cartouches d’ultrafiltration ont été installées en amont de 4 robinets de distribution d’un TGV 2N2. Les autres robinets des lave-mains sont restés en configuration d’origine et ont constitué les robinets témoins. Sur les voitures équipées, différents points de prélèvements ont été sélectionnés afin de suivre l’évolution de la qualité microbiologique de l’eau à différent point du circuit d’eau et d’évaluer l’intérêt d’utilisation d’ultrafiltration pendant l’exploitation commerciale :
- En sortie de robinet de lave-main équipé de cartouche d’ultrafiltration ;
- En sortie de lave-main non équipé;
- En sortie directe de cartouche d’ultrafiltration (c’est-à-dire entre la cartouche et le point de distribution final) ;
- Dans les réservoirs d’alimentation en eau.
Les paramètres microbiologiques (bactéries) suivis au cours de l’étude sont ceux en vigueur en France : Escherichia Coli, Coliformes Totaux, Entérocoques, Pseudomonas Aeruginosa et Germes revivifiables à 22°C et 36°C.
La figure 1 présente à titre indicatif la disposition des points de prélèvements.
Les résultats ?
Au cours de la campagne d’essais, 254 prélèvements ont été effectués entre mars 2017 et avril 2018.
Le traitement par les cartouches d’ultrafiltration s’est avéré très efficace pour l’ensemble des paramètres. A l’exception des coliformes totaux, absents de tous les prélèvements, elles ont en effet permis d’abattre la grande majorité de la pollution microbienne présente dans les réservoirs.
Cependant, des concentrations plus importantes de Pseudomonas aeruginosa, potentiellement pathogènes pour les personnes immunodéprimées, et de germes revivifiables à 22°C et 36°, non pathogènes mais indicateur possible d’une contamination bactériologique, ont été mesurées en sortie des robinets des lave-mains. L’utilisation de mousseurs spécifiques a alors permis une bonne réduction des Pseudomonas aeruginosa en sortie de robinet mais a montré une efficacité moindre pour les germes.
Ces résultats démontrent que la pollution bactérienne ne provient pas des réservoirs mais d’une rétro-contamination des robinets, suite à l’utilisation de ceux-ci par les passagers.
Pour la suite…
Dans les prochains mois, la phase d’expérimentation va être poursuivie afin de juger de l’efficacité des cartouches dans le temps. De plus, une étude est conduite en parallèle avec un partenaire scientifique afin d’approfondir les connaissances sur le rôle des mousseurs dans les valeurs de certains dénombrements retrouvés en distribution.
A terme, ces essais permettront d’optimiser les opérations de maintenance dédiées « potabilité » et de garantir un niveau de confort et de sécurité important pour nos voyageurs.