Microbiologie de l’air intérieur d’un TGV et d’une gare

Une diversité méconnue !
La qualité de l’air ambiant est aujourd’hui réglementée pour un certain nombre de polluants chimiques. Plus complexe à appréhender, la pollution microbienne ambiante (bactéries, virus, champignons/spores, …), que ce soit dans l’air ou même sur des surfaces (lien article surfaces intérieures) qui sont des « réservoirs » possibles, n’est pas réglementée.
Cependant, le risque sanitaire lié à des agents biologiques existe. Ce risque dépend du type de contaminant, de sa concentration, mais aussi de la personne exposée car la sensibilité de chacun est différente (les personnes immunodéprimées étant les personnes les plus sujettes à développer une maladie).
Bien que ce risque ne puisse aujourd’hui pas être quantifié précisément, des méthodes permettent aujourd’hui de mesurer l’abondance d’un biocontaminant particulier ou d’étudier la diversité microbiologique d’un environnement et d’identifier s’il existe des spécificités ou des contaminations importantes au regard de différents types d’environnements.
L’AEF a ainsi étudié la diversité microbiologique de l’air dans 2 environnements : une gare souterraine et un train (voiture de TGV). Elle s’est pour cela appuyée sur les compétences du Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB) et de l’Institut nationale de recherche agronomique (INRA).
Pour cela, la méthode de séquençage haut-débit de l’ADN retrouvé dans un échantillon d’air prélevé a été utilisée.
Mesure de la diversité microbienne dans un train et dans une gare
Dispositif de prélèvement en gare
Ces essais, réalisés par l’AEF, avaient pour objectif, en présence de voyageurs, d’identifier par un échantillonnage la diversité microbienne que l’on peut retrouver :
- lors de trajets en TGV dans une remorque ;
- sur le quai d’une gare parisienne souterraine.
Dans le TGV, le but était également d’étudier la différence en termes de diversité et de concentration, avec l’air sortant des gaines pour savoir si ces dernières étaient une source potentielle de biocontaminants.
Pompes de prélèvement, et système de filtration, incorporés dans une valise (mesure TGV)
Une diversité microbiologique importante a ainsi pu être mise en évidence, tant pour les organismes eucaryotes (comme les champignons) que pour les organismes procaryotes (bactéries).
Analyse bactérienne au niveau Genre des échantillons prélevés en gare
Au niveau des eucaryotes, on note, dans l’air de la gare concernée par les mesures comme dans l’air d’autres environnements étudiés, la dominance des Basidiomycota (spores des champignons à chapeau).
Au niveau des procaryotes, la diversité est dominée par les bactéries à Gram négatif (Proteobacteria : environs 50 % des séquences, Cyanobacteria et Bacteroidetes) comme c’est le cas dans l’air d’autres environnements investigués, avec également une présence de bactéries à Gram positif (Actinobacteria ~25 % des séquences, Firmicute).
Certaines bactéries pathogènes ont pu être retrouvées lors de ces études ; mais pas de panique ! En effet, il n’est pas anormal d’en retrouver dans l’environnement, et au regard d’autre études ayant été effectuées dans des espaces non ferroviaires, le pourcentage d’abondance n’a pas mis en avant une contamination spécifique de l’air par ces bactéries.
L’ensemble des résultats montre qu’il y a dans l’air de nos espaces une présence importante de bactéries d’origine anthropique, ce qui n’est pas étonnant étant donné le nombre important de voyageurs.
Dans les TGV, la mesure a permis de mettre en avant qu’il n’y avait pas de contamination spécifique issue des gaines de ventilation qui sont parfois difficiles à nettoyer !
Ce travail exploratoire de caractérisation de l’air d’un point de vue microbiologique a permis de fournir des premières données sur deux cas. A défaut de valeur réglementaire à laquelle se comparer, cette approche peut permettre:
- d’identifier sans a priori la diversité microbienne d’un échantillon,
- de créer des bases de données de référence sur un environnement permettant d’aider au diagnostic en cas de dysfonctionnement,
- de suivre la diversité microbienne dans le temps ou dans différents espaces, ou encore en fonction de la mise en place de moyens de gestion.
Sur avis médical, il peut également être possible de rechercher la présence de biocontaminants spécifiques pouvant être incriminés dans des pathologies observées.